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jeudi 20 septembre 2012

Le billet de Catherine Thévenet


Au jardin des poètes : Les Poétiques, à Saumur, les 7, 8, 9 septembre 2012.

Les 7, 8 et 9 septembre 2012, les amoureux de la poésie s’étaient de nouveau donné rendez-vous à Saumur, au jardin des Plantes, pour la 6ème édition des Poétiques. Accompagnée de ses deux guitaristes, Grégory Natale et Eric Rathé, l’artiste pluridisciplinaire québécoise Sylvie Laliberté a ouvert le festival avec ses chansons faussement naïves, tristes et pas tristes, sur l’amour et le monde actuel.
Les rencontres de l’année dernière avaient été consacrées aux éditions Zulma ; cette année, c’était les éditions La Dragonne, créées en 1998, qui étaient à l’honneur. D’autres éditeurs étaient aussi présents : Potentille, Approches, Entre deux, Dernier Télégramme, Les Ateliers Rougier, les revues Ficelle et Neige d’Août,  la médiathèque de Saumur et, bien sûr, la librairie indépendante saumuroise, Le Livre à Venir, animée par Patrick Cahuzac.
Le samedi 8, leur créateur, Olivier Brun, est venu évoquer la variété d’un catalogue, où se côtoient Philippe Claudel, Bernard Noël ou Florent Kieffer. La demi-douzaine de collections de la maison  propose romans, récits, poèmes, plus ponctuellement des livres d’artistes. Souhaitant une proximité avec ses lecteurs, La Dragonne « s’attache, de manière artisanale, à faire découvrir- ou redécouvrir- des livres qui savent prendre leur temps ». « Chaque livre, réalisé avec soin, se voudrait le prolongement d’une aventure humaine autant que littéraire ».
Ce même samedi, on pouvait aussi assister à une lecture-rencontre avec la peintre et poète, Caroline Sagot-Duvauroux. Elle était accompagnée de Cathie Barreau, écrivain et responsable de la Maison Julien-Gracq à Saint-Florent-le-Vieil. Née en 1952, Caroline Sagot-Duvauroux vit à Crest dans la Drôme où elle s’est occupé pendant plusieurs années d’un marché annuel de petits éditeurs. Depuis 2002, elle publie chez José Corti. Selon Antoine Emaz, c’est « l’énergie, la pulsion de langue, le continuel en avant de parole, le goût de la matière verbale », qui caractérisent son écriture. Une « écriture de l’élan », qui se collette avec les mots et leur redonne vie. « Je dissone. Vous ignorez qu’outre mesure un chant bat… » 
Cette première journée s’est achevée avec une lecture dansée, proposée par le poète Antoine Mouton (publié à La Dragonne) et la danseuse et chorégraphe Carole Bonneau, qui enseigne au CNDC d’Angers. Intitulé Un qui s’en va, un qui reste, le spectacle met en scène « des objets usuels, des sensations où les mots sont reliés entre eux par le mouvement et sollicités de manière inhabituelle ».
Le dimanche 9 septembre au matin avait lieu un atelier, animé par Pierre Bodériou, artiste et enseignant à l’Ecole d’Art. Il a permis à une huitaine de participants de se sensibiliser à la technique et à l’art de la gravure. Celle-ci était par ailleurs superbement représentée par une exposition d’œuvres originales de Gérard Titus-Carmel (peintre, dessinateur et poète), Bibliothèque d’Urcée. Avec cette œuvre, l’artiste utilise une technique de gravure mise au point par Henri Goetz, la gravure au carborundum. Celui-ci est une poudre dont on se sert dans l’industrie de rodages divers, le travail du verre, de la fonte, le polissage des pierres, mélangée avec des vernis ou des résines qui durcissent au séchage. Le thème du livre devient, sous les doigts de l’artiste, prétexte à un travail géométrique et coloré. « Une méditation plastique sur le fil du rasoir : à la fois construite et buissonnière... »
Gérard Titus-Carmel, illustrateur notamment d’Yves Bonnefoy et de Philippe Jacottet, était par ailleurs l’interlocuteur du poète Antoine Emaz, auteur d’une trentaine de recueils de poèmes. Leur entretien a porté sur la réalité du livre d’artiste, dont j’aimerais rendre compte ici.
Je suis arrivée alors que la rencontre, animée par le journaliste Jean-Luc Terradillos, avait déjà commencé. Gérard Titus-Carmel disait que, dans cette délicate entreprise, l’illustrateur doit s’adresser à la personne idoine qui a écrit le texte qu’il fallait. Pour Antoine Emaz, il s’agit toujours d’un travail de relation, que l’on parte d’un travail plastique ou de poèmes. Ainsi, pour le livre intitulé Vagues, il a écrit un texte né de la forme prévue par l’artiste, tout un système de pliages. Il ne faut surtout pas être prisonnier de l’image proposée par l’artiste et l’échange doit se faire dans les deux sens.
Le livre d’artiste est bien plus qu’un travail à quatre mains. Gérard Titus-Carmel évoque l’auteur, l’artiste, l’éditeur, le façonnier, le distributeur. De plus, s’il faut certes rentrer dans une forme, il faut aussi penser à la façon dont l’artiste entrevoit la collaboration en différé, à l’écart qui existe entre les deux formes. Il importe de tenir compte de la nature même du travail de chacun, le peintre dans son atelier et l’auteur dans sa bibliothèque.
A propos du travail d’imprimerie, Gérard Titus-Carmel regrette la disparition des véritables imprimeurs. Il évoque avec mélancolie un imprimeur de ses amis, à L’Haye les Roses, survivant d’une époque qui ne connaissait pas encore le jet d’encre.
Selon Antoine Emaz, la « part insubmersible » qui demeure, c’est le rapport entre l’artiste et l’écrivain. Il souligne cette zone d’amitié, de correspondances, qui permet encore la réalisation d’une œuvre qui sera tirée à cinq ou six exemplaires, dans une perspective qui n’est pas marchande. C’est ce que Daniel Leuwers appelle les « livres pauvres ». Constituant des collections hors commerce, ce sont de petits ouvrages où l’écriture manuscrite d’un poète rejoint l’intervention originale d’un peintre. Publiés depuis une dizaine d’années chez Gallimard, ils ont déjà atteint le cap des mille livres.
En ce qui concerne l’importance des affinités électives, est évoquée ici la rencontre du sculpteur et peintre Antonio Segui avec Alberto Manguel. Tous deux Argentins, tous deux exilés en France, ils ont publié plusieurs livres ensemble ( Sombras de Segui, Il Ritorno…)
Puis Gérard Titus-Carmel rappelle la traduction de Pétrarque par Yves Bonnefoy, qu’il a illustrée (Je vois sans yeux et sans voix je crie, chez Galilée, « Lignes fictives », 2011). Est-ce l’auteur italien qu’il illustre ou le poète français, se demande-t-il. Il lui faut trouver l’interstice, dit-il, considérant que c’est plutôt la traduction de Bonnefoy qui illustre Pétrarque. Quant à lui, il lui faut découvrir une autre façon d’entrer dans les mots.
Pour ce qui est des contraintes technique, elles sont parfois selon lui, et paradoxalement, le prix de la liberté. Ainsi, le fait de lui imposer deux couleurs, par exemple, lui permet de ne pas avoir à hésiter sur la troisième ! A ce propos, Antoine Emaz se souvient de sa collaboration avec Marie Alloy pour le recueil intitulé D’une haie de fusains hauts (Editions Le Silence qui roule).  A côté des lavis de couleur verte, le poème, souligne-t-il, doit pouvoir tenir tout seul, et l’artiste doit pouvoir se voir en soi : « Quelque chose comme une ventilation lente d’être ». Et si l’on n’est pas satisfait, reprend Antoine Emaz, la question se règle vite : ou l’on se remet au travail, ou l’on écrit un autre texte.
Il précise par ailleurs que, pour sa part, il n’écrit quasiment plus de poèmes, « ça ne marche plus ». C’est ainsi qu’il est en train de réaliser l’anthologie de son œuvre poétique. Caisse claire (chez Points) rassemble ses textes de 1990 à 1997. Sauf, avec des encres de Djamel Meskache (chez Tarabuste), réunit les poèmes de 1986 à 2001. Il lui reste un dernier ouvrage à faire pour la période 2000-2010. Après, « j’aurais fini », assure-t-il.
Ensuite, Gérard Titus-Carmel  parle des repentirs. Après avoir peint un tableau, on se dit qu’il est là, qu’il ne bouge pas, et puis, un jour, il apparaît désastreux. Et l’on se met à repeindre dessus. Il se remémore ainsi cette grande toile violette, aux teintes vineuses, dont pendant six mois il avait été très satisfait. Un jour, soudain, il s’est dit que c’était un désastre et il l’a repeinte au jaune de Naples. Une femme visitant son atelier lui a dit : « J’aime beaucoup la jaune. » Revue et corrigée, la toile violette avait disparu. Il rappelle encore l’anecdote de Pierre Bonnard qui visitait les musées une boîte de couleurs à la main et retouchait les toiles de maître.
Dans la réalisation d’un livre d’artiste, subtile alliance d’un poète et d’un illustrateur, le peintre est-il « appelé à filer doux » ? En fait, il s’agit plutôt pour chacun de se placer dans sa « belle et voisine solitude » et de faire en sorte « qu’une autre voix se joigne à la sienne ». Le peintre tentera de « donner forme au mystère », en approchant « l’indénouable secret des mots », en prêtant l’oreille au « chant d’un écho ». Tout est dans la qualité du partage, « comme l’ombre et la colonne, le prince et l’architecte ».
Il semblerait par ailleurs qu’il n’y ait pas de loi en ce qui concerne le format de l’ouvrage. Selon Gérard Titus-Carmel, qui a illustré une quarantaine de livres, aux formes les plus variées, seul compte « le beau geste ». Il avoue que l’illustrateur est « presque de trop mais que ce trop est demandé ». Le livre réussi sera celui que l’on referme en disant : « C’est bien ! »
Quant à s’attaquer aux « grands textes », le peintre qu’il est n’y songe guère. S’il reconnaît les réussites de Daumier avec La Divine Comédie ou de Granville avec La Fontaine, il déplore ce que fit Dali par exemple avec l’Evangile de Jean. Dans ce genre d’entreprise, n’est-il pas en effet très malaisé de « tenir la longueur » ? Il préférera se préoccuper de la structure d’un texte en l’illustrant au début avec le frontispice, au milieu et à la fin. Une manière discrète de dire : « Je suis toujours là ! »
Antoine Emaz rappelle alors son travail (Obstinément peindre, davantage « étude » ou « note sur ») avec  Monique Tello, peintre et graveur, publié Au Temps qu’il fait. Après lui avoir donné à visiter son atelier, le peintre a envoyé au poète des gravures de tigres et de feuilles de figuiers. Il les a eues longtemps sous les yeux dans « un continu de regard » ; il a voisiné avec elles. Il ne parlera pas de construction mais bien plutôt de « prises de vue sur un travail ». Cherchera-t-il « quelque chose qu’il ne voit pas » ? Sera-t-il attiré par une couleur ? En l’occurrence, dans ce cas-précis, Antoine Emaz n’a d’abord perçu qu’un fouillis de lignes puis, peu à peu, dans ces œuvres à la limite du figuratif et de l’abstrait, il a « vu » les tigres. De même, les feuilles de figuier lui sont apparues davantage comme des motifs décoratifs sans référent réel. C’est alors que « du texte finit par s’écrire » et que « le texte essaie d’ouvrir le regard ».
C’est ce « regard long et attentif » que Gérard Titus-Carmel a provoqué chez lui quand le poète a admiré la série des Nielles, « presque effrayants d’énergie », dans lesquels le peintre a décliné l’image du torse de Christ de Matthias Grünewald. Dans le mouvement de cette série de cinq nielles gravés, il a décelé « quelque chose de fantastique ». Gérars Titus Carmel explique alors cette légère rotation du tronc du Christ qui fait qu’il tourne sur lui-même. « Tout en rendant hommage à Grünewald, cette série extrêmement raffinée offre par la superposition de deux gravures et dans un jeu subtil de transparences, une double lecture de la vision du thorax et une démultiplication de plans, qui accentuent l’effet d’asphyxie et de torture infligées au corps supplicié. » (http://www.musee-unterlinden.com/accrochage-nielles-titus-carmel.html) Des vingt-huit cuivres d’origine, il n’en a retenu que cinq, donnant à voir « la présence-absence d’un corps rêvé ». Antoine Emaz, dit-il, a su parler de cette vie-là, qui pouvait assurer la série.
Antoine Emaz lit alors des extraits de ce qu’il a écrit sur les 150 dessins de La Suite Grünewald puis des extraits de Cuisine (en téléchargement sur le site de François Bon). Voir aussi : http://www.paperblog.fr/2161851/titus-carmel-suite-grunewald/
Mais Gérard Titus-Carmel est aussi un peintre qui écrit. Voilà pourquoi il évoquera son recueil de poèmes intitulé Ressac. Ce sont trente poèmes, quasiment identiques, qu’accompagne une sorte de voix off comme dans un chœur antique, sorte de Variations Goldberg sur la mer. Antoine Emaz le présente ainsi chez Poezibao : « Livre strictement d’une seule situation : une personne immobile regarde les vagues se briser sur une plage de galets. […] une écriture du flux rythmique autant que de l’émotion et de la mémoire. Mais c’est tout aussi bien une écriture de la contrainte, du cadre, de la composition. J’ai déjà dit la situation unique tenue sur cent pages ; il faut ajouter l’organisation quasi arithmétique de l’ensemble. » 
Antoine Emaz renchérit qu’il aurait aimé être peintre. Il aime travailler avec eux car ils lui « apprennent des choses ». Picasso disait que « Reverdy à ses yeux écrivait comme un peintre ». Les deux artistes évoquent alors les illustrations de Picasso pour Le Cocu magnifique de Fernand Crommelynck (1966), un ouvrage à la « beauté d’estran », marqué par l’écart entre le texte et l’image. Ils admirent encore le travail à quatre mains de Picasso et de Reverdy sur Le Chant des morts, du second.
Cet entretien passionnant s’est donc achevé sur cette idée capitale qu’on ne sera jamais un bon illustrateur si on le fait d’une manière servile. Poète et peintre travaillent ainsi en toute liberté.
Le point d’orgue de cette sixième édition des Poétiques a été donné par une lecture de textes des écrivains publiés à La Dragonne par le grand comédien Didier Sandre. Celui qui a reçu en 1996 un Molière pour le rôle de Lord Arthur Goring dans Un mari idéal d’Oscar Wilde est un grand liseur de textes et un marathonien des mots qui participe à de nombreux festivals.
Albane Gellé l’a remercié de sa venue qui clôture de belle manière le festival. Elle a salué l’Ecole de Musique qui a animé le week-end et tous ceux qui ont contribué à la réussite de ces trois jours en poésie.
Le comédien avait choisi des textes de tonalités diverses. Il a d’abord lu une nouvelle, intitulée « Chelsea Hôtel », extraite du recueil de Fabien Sanchez, Ceux qui ne sont pas en mer. Entre réalisme et humour grinçant, le narrateur se demandera à la fin « comment [son père] avait fait pour vivre et être à la hauteur ». Le comédien a su rendre cet univers noir de Fabien Sanchez, qui lui a valu parfois d’être comparé à Raymond Carver. Tout comme le nouvelliste doit « trouver sa propre musique », Didier Sandre a trouvé la sienne pour mettre en voix la tonalité mélancoliquement amère de Fabien Sanchez.
Il a ensuite lu deux textes, extraits de Un bâton de l’écrivain belge Pascal Leclercq.  Dans Mauve et l’enfant, il a fait renaître la poésie d’une écriture imagée qui, ainsi que l’explique Marie-Clotilde Roose se nourrit du végétal, de l’animal, qui « confronte l’humain à ses limites, à ses terreurs et ses absurdités, mais aussi à ses tendresses et à ses pudeurs ». Au milieu des phalènes, dans « la ville appauvrie », parmi la chélidoine et la sauge, Mauve a « surgi de nulle part », avec ses mollets vêtus de « bas blancs tachés de fruits rouges ». Une « texture aérienne » pour une nouvelle poétique.
Du même ouvrage, le comédien nous a donné à entendre un autre texte, « Sur la transcévenole ». Chemin faisant, il nous a appris à marcher au pas et à renaître dans la marche : « Je deviens ma besogne/ me cambre sous le garrot. » Une route qui est plutôt celle des origines, une sorte de métaphore cahoteuse de la vie : « Je ne suis plus que le chemin, je caresse et chloroforme. » Et comme l’écrit justement Jack Keguenne, « L’inévitable contrainte de la fin n’exclut pas le choix des chemins que l’on décide de sceller en soi. » Ces deux textes à l’écriture « très physique » ont fait l’objet d’installations sonores en direct avec Jack Vitali.
Enfin, Didier Sandre n’a jamais été aussi meilleur, me semble-t-il, que dans la lecture de La Manifestation, d’Antoine Choplin, une histoire à la lisière du réalisme et de la fable. Grâce à ses mimiques, ses intonations, ses hésitations, ses rares mouvements de mains, ses sourires entendus, nous avons suivi et « vu » ce Monsieur Bobbie, un petit vieux encore enfant, peut-être un malade ou un retraité, qui fait tous les jours la même promenade « trigonométrique ». Cette silhouette à la Monsieur Hulot est happée un jour dans une manifestation qui lui donne enfin l’occasion d’Exister. Ni la bousculade, ni les coups des « saucisses d’ébène » n’auront raison de ce dernier sursaut de vie qui se manifeste par le cri : « Liberté! Exister ! Crever !… » Trois mots qui « sonn[ent] sacrément ! » Le petit homme mécanique se verra sans doute sauvé à la fin : « Des larmes, Monsieur Bobbie, des larmes ! »
Chaudement applaudi par l’auditoire des Poétiques, Didier Sandre a lu encore deux texte très brefs : « On partira sans doute… on restera peut-être… on sera un garçon comme un autre… à mille lieues du but qu’on se sera fixé. » Puis, discret et souriant, il nous a quittés avec un geste de la main amical.

mercredi 19 septembre 2012

Revue de presse

Vous trouverez ci-après le billet du secrétaire de l'association, Claude Guichet, ainsi que la copie des trois articles parus pour le week-end. Nous espérons qu'ils vous rappelleront de bons souvenirs ou vous ferons regretter de n'y avoir pas participé.



Cette 6ème édition des Poétiques au Jardin de Saumur a commencé le vendredi soir sous le signe de Laliberté , pleine de finesse, de malicieuse délicatesse et prénommée Sylvie. Un souffle léger, rafraichissant  nous venait directement du Québec avec un duo de guitaristes qui prenaient à l'évidence un grand plaisir à mêler leurs accords à cette douce voix animée d'une gestuelle à la fois drôle et "faussement" naïve. Cette soirée fut "formidable" comme les deux journées qui allaient suivre. Dès le samedi matin, les éditeurs, la librairie "Le livre à venir" et la Médiathèque de Saumur  installaient leurs tables sur la pelouse verte, bien à l'ombre des arbres pour tenir les livres de poésie et autres nouvelles bien fraîches .     
Les lectures et rencontres avec les auteurs, éditeurs et artistes allaient s'enchainer selon le programme prévu agrémenté d'intermèdes musicaux par Elena et Laura le samedi et par la classe de saxophone de Catherine Duchêne de l'Ecole de Musique de Saumur le dimanche et l'espace enfants animée par Nadine Decorce pour laisser toute tranquillité aux parents. 
Ce fut un beau et lumineux week-end , plein de belles rencontres où les regards pétillaient et  où les oreilles dressées captaient la musique de la langue d'une Caroline Sagot-Duvauroux, toute empreinte du Causse Méjean, d'une Annie Peltier et sa fabuleuse "chaise végétale", d'un Fabien Sanchez , fabuleux conteur, d'Antoine Mouton , brûlant du feu de sa jeunesse, du peintre internationalement reconnu et aussi dessinateur, graveur, poète,  Gérard Titus-Carmel dialoguant avec Antoine Emaz et en clôture de la manifestation le timbre grave et cristallin d'un Didier Sandre qui résonna longtemps encore dans le temple naturel du Jardin des Plantes .  Et "tout ça gratis", au coeur de Saumur, dans un de ses plus beaux écrins !  Un grand merci à toutes celles et à tous ceux qui ont contribué d'une façon ou d'une autre au succès de cette édition et dernier clin d'oeil à  Sylvie Laliberté pour nous avoir laissé cette phrase pleine de bon sens "Tout le monde adore ce qui est loin, très loin. Et si on est allé, loin, très loin, cela est une preuve de quelque chose. Alors que si on est allé près, tout près, c'est qu'on est allé nulle part. Moi je dis que de rester là, tout près, cela peut demander beaucoup de courage, autant de courage que d'aller visiter les lions dans la forêt."  extrait de son livre "Je suis formidable mais cela ne dure jamais très longtemps" aux Editions Les 400 coups.  

 Claude Guichet